« Ick » syndrome : une pathologie émergente des sugar gliders

Introduction

Le sugar glider (Petaurus breviceps) est un petit marsupial nocturne, vivat dans les arbre d’Australie et de nouvelle Guinée (Figure 1). Au cours de ces dernières années, le sugar glider est devenu un animal de compagnie populaire alors que ses besoins nutritionnels et environnementaux sont relativement complexes.

Sugar glider en bonne santé dans leur cachette

Figure 1. Sugar glider en bonne santé dans leur cachette. Crédit photo : Cathy Johnson-Delaney

La plupart des sugar glider captifs vivent au sein d’un groupe familiale composé d’un couple de leur juvénile sortie de la poche marsupiale et de leur juvénile encore dans la poche. (Figure 2).

Juvénile en bonne santé

Figure 2. Juvénile en bonne santé. Crédit photo: Cathy Johnson-Delaney

« Ick » syndrome : une pathologie émergente

Un syndrome a récemment été observé chez les sugar glider. Celui-ci se présente sous la forme de diarrhée, d’anorexie, de fourrure humide, de juvéniles « poisseux », d’exsudat provenant de la poche marsupiale, et de mort de juvéniles. La fourrure des juvénile est dans un mauvais état et ils apparaissent comme ne faisant pas leur toilette, certain étant recouverts de mucus collant (Fig 3-6). Cliniquement, les juvéniles sont léthargiques, déshydratés, et présentent une diarrhée apparente. Certains adultes peuvent être asymptomatiques, mais bien souvent, une diarrhée légère est notée.

Sugar glider juvénile souffrant du « ick » syndrome”

Figure 3. Sugar glider juvénile souffrant du « ick » syndrome. Crédit photo: Cathy Johnson-Delaney

Sugar glider souffrant du « ick » syndrome

Figure 4. Sugar glider souffrant du « ick » syndrome. Crédit photo : Cathy Johnson-Delaney

Sugar glider juvénile souffrant de « ick »

Figure 5. Sugar glider juvénile souffrant de « ick ». Crédit photo: Cathy Johnson-Delaney

Sugar glider juvénile souffrant de « ick ».

Figure 6. Sugar glider juvénile souffrant de « ick ». Crédit photo: Cathy Johnson-Delaney

Ce syndrome a été qualifié de « ick » (que l’on pourrait traduire par « poisseux ») par la communauté des propriétaires de sugar glider, mais il existe un grand nombre d’étiologies pouvant entrainer ces signes cliniques. (Tableau 1).

Tableau 1. Diagnostic différentiel pour des juvéniles présentant un pelage collant, non entretenu, en mauvais état
Origine maternel
  • Malnutrition
  • Mastite
  • Infection de la poche marsupiale
  • Primipare/mauvais comportement maternel
  • Septicémie
  • Stress résultant d’une négligence du juvénile et défaut de toilettage
  • Toxémie
Origine juvénile
  • Bactériémie, septicémie
  • Déshydrations
  • Défaut de toilettage
  • Gastroentérites avec diarrhée
  • Malnutrition (faible qualité du lait secondaire à une malnutrition maternelle)
  • Mauvais environnement
  • Trichomonose (Simplicomonas sp.)

Une cause possible est la trichomonose, mise en évidence au microscope sur étalement de selles fraiches chez des sugar gliders atteints (Fig 7). Cet agent n’est pas retrouvé chez des sugar gliders sains. Un laboratoire de PCR (Molecular Diagnostic Laboratories, Milford, Ohio, USA) a identifié cet organisme comme Simplicomonas sp., un membre du genre nouvellement découvert: Tritrichomonadae (Ecco 2012). Il y a une divergence rapportée dans la littérature avec un article qui nome cet organisme “Simplicimonas” (Cepicka 2010).

Trichomonose identifiée sur un étalement de selles fraiches chez un sugar glider

Figure 7. Trichomonose identifiée sur un étalement de selles fraiches chez un sugar glider. Crédit photo : Wikimedia Commons

Gestion d’un groupe souffrant du syndrome « ick »

Un groupe souffrant du syndrome « ick » peut être traité avec du métronidazole (25 mg / kg par voie orale q24 h pendant 10-14 jours) ainsi que des soins de support. Administrer des fluides isotoniques sous-cutanés pour gérer la déshydratation des juvéniles, et ajouter si besoin des probiotiques à l’alimentation.

L’alimentation à la main des juvéniles anorexiques peut également être nécessaire. Il existe du lait maternisé spécifique aux marsupiaux disponible auprès de Wombaroo Pet Products (PO Box 151, Glen Osmond, Australie du Sud, (08) 83911713, wombaroo@adelaide.net~~number=plural) et Biolac (Sydney, Australie). La formule Biolac M100 a été utilisée avec succès chez les sugar gliders. Il existe également des formulations ménagères disponibles sur Internet. L’auteur a utilisé la recette suivante : un volume de lait maternisé pour chiot, un volume de Leadbeater (encadré 2) et 0,5 volume du jus de pomme non filtré. Une cuillère à café de poudre de carbonate de calcium et une demi-cuillère à café de probiotique ou de yaourt bio aux fruits sont ensuite ajoutés à ce mélange (Johnson-Delaney, 2000).

Tableau 2. Formule Leadbeater
150 ml Eau tiède
150 ml Miel
1 Œuf dur avec sa coquille
25 grams Céréale pour nourrissons
1 cuillère à café Supplément vitamines/mineraux (Vionate ARC Laboratories, 4280 Northeast Expressway, Atlanta, GA, 30340, USA, 800-755-7056)
Bien broyer les ingrédients. Le mélange doit être place dans des bacs à glaçons et congelés. Un cube à la fois doit être donné.

Quel que soit le produit utilisé (industriel ou ménagé), celui-ci doit être chauffé à la température physiologique du lait soit approximativement 37-38°C. Comme les trayons des marsupiaux sont conformés différemment de ceux des autres mammifères, des tétines spécifiques peuvent être achetés auprès Wombaroo ou Biolac. Si ces tétines ne sont pas disponibles, il est recommandé d’utiliser la plus petite taille disponible de tétine pour chiots ou chatons.

Soins au long terme

Bien que certains éleveurs de sugar glider, euthanasient les sugar glider Simplicomonas sp. positifs, l’auteur est en désaccord avec cette pratique car les traitements sont efficaces chez les juvéniles et les adultes. Au lieu d’euthanasier, il faut rechercher Simplicomonas sp. chez tous les juvéniles qui présentent une diarrhée avec de préférence un étalement de selle humide et une PCR fécale. L’auteur a suivi plusieurs sugar gliders traités avec du métronidazole sur plusieurs années, et ces individus ont continué à être indemne lors de dépistage de routine post-traitement. On ne sait pas si les adultes peuvent être porteurs sains ou être complétement débarrassés de l’organisme. Sur le plan clinique, il semble que les adultes aient pu se débarrasser de Simplicomonas sp. avec un traitement au métronidazole.

Bibliographie

Références

Ecco R, Preis IS, Vilela DA et al. Molecular confirmation of Trichomonas gallinae and other parabasalids from Brazil using the 5.8S and ITS-1 rRNA regions. Vet Parasitol, 190:36-42, 2012

Cepicka I, Hampl V, Kulda J. Critical taxonomic revision of parabasalids with description of one new genus and three new species. Protist, 161:400-433, 2010

Johnson-Delaney C. Marsupials. Exotic Companion Medicine Handbook for Veterinarians. Zoological Education Network, Lake Worth, FL, USA, 2000. 98:1-28