Points clés
- En anglais, les cochons d’Inde femelle sont appelés « sows » et les mâles sont appelés « boars ». Il n’y a pas de nom spécifique en français.
- A maturité sexuelle, les mâles ont des poches scrotales bien visibles et des testicules volumineux.
- Les cochons d’Inde mâles ont plusieurs glandes accessoires, incluant des vésicules séminales paires et volumineuses, qui peuvent facilement être méprises pour des cornes utérines.
- La puberté survient à environ 2 mois pour les femelles et 2-3 mois chez les mâles.
- La symphyse pubienne s’ouvre dans les derniers jours de la gestation.
- L’ouverture de la symphyse pubienne peut ne pas être suffisante chez les femelles reproduites après 7-8 mois d’âge et peut être à l’origine d’une dystocie. D’autres causes potentielles de dystocie incluent l’obésité et les fœtus trop volumineux.
- Les cochons d’Inde donnent généralement naissance à 2 à 4 petits, nidifuges et de grande taille. Les autres espèces de rongeurs ont de manière générale de plus grandes portées.
- La toxémie de gestation est une cause importante de mortalité péri-partum chez les cochons d’Inde. Cette maladie est le plus souvent observée chez les primipares obèses en fin de gestation. Le pronostic est le plus souvent réservé. Le risque de toxémie de gestation peut être minimisé en encourageant l’exercice, en prévenant l’obésité et en limitant le stress chez les cochons d’Inde gestants.
- Les kystes ovariens unilatéraux ou bilatéraux sont très communs, particulièrement chez les cochons d’Inde âgés.
- L’ovariohystérectomie ou ovariectomie est recommandée pour prévenir le développement des kystes ovariens et autres pathologies de la reproduction chez les cochons d’Inde de compagnie non destinés à la reproduction.
Introduction
Le cochon d’Inde (Cavia porcellus) est un animal de compagnie populaire et un modèle de recherche très utilisé. Les cochons d’Inde sont notamment utilisés pour la recherche en reproduction car ils partagent de nombreux traits communs avec les humains sur le plan reproducteur (Fig 1).26 Comme les humains, les cochons d’Inde possèdent un placenta hémochorial, dans lequel le sang maternel vient au contact direct du chorion fœtal, mais aussi un patron d’invasion trophoblastique similaire et une vascularisation utérine comparable.20,23,26 La période de gestation des cochons d’Inde peut aussi être divisée en « trimestres », de façon analogue à celle des humains.26 Evidemment, certaines particularités de l’anatomie et de la physiologie de la reproduction des cochons d’Inde sont partagés par les autres membres de l’Ordre Rodentia, et d’autres sont spécifiques à cette espèce. Cet article fait la revue de l’anatomie et de la physiologie du tractus reproducteur des cochons d’Inde et revient sur quelques maladies importantes associées à ce système.

Figure 1. Les cochons d’Inde (Cavia porcellus) sont utilisés dans de nombreuses études en reproduction.
Les cochons d’Inde mâles
Les cochons d’Inde mâles entiers atteignent la puberté entre 70 et 90 jours, bien qu’ils commencent à démontrer des comportements sexuels, comme des tentatives d’accouplement, dès l’âge d’1 mois.9,17,23 A l’âge de 2 mois les mâles commencent à éjaculer lors des accouplements.23 L’expression du comportement sexuel et le développement physique sont significativement réduits si le mâle est gardé avec sa mère et/ou les autres petits de la portée.11
Les mâles sont généralement plus gros que les femelles, et mâles comme femelles possèdent une seule paire de mamelles inguinales.5 Les mâles possèdent deux volumineux testicules, localisés de part et d’autre du périnée, dans deux sacs scrotaux distincts et superficiels (Fig 2).5,9,23 Les testicules sont habituellement totalement descendus à l’âge 81 jours.2 Si les testicules ne sont pas descendus à 4 mois, le cochon d’Inde peut être considéré cryptorchide.9Le canal inguinal reste ouvert pendant toute la vie.9,19 Pour prévenir les hernies post-castration, de nombreux cliniciens utilisent une technique de castration fermée ou une technique ouverte modifiée, où la tunique est inclue dans la ligature du cordon spermatique et des vaisseaux.32

Figure 2. Image macroscopique du testicule (flèche) chez un cochon d’Inde mâle (Cavia porcellus). L’épididyme repose le long de la face dorsolatérale du testicule. La queue de l’épididyme donne naissance au canal déférent. Crédit : Drury Reavill, DVM, DABVP (Pratique aviaire), DACVP. Cliquer sur l’image pour l’agrandir.
Astuce pratique : Bien que les testicules soient facilement visibles chez les mâles matures, le sexage peut être difficile chez les jeunes. Si les testicules ne sont pas évidents, le sexage peut être facilité en exerçant une pression douce à la base du prépuce pour extérioriser partiellement le pénis.23
Le pénis a une forme de S et est constitué d’un corps et d’un gland. Les cochons d’Inde possèdent un os pénien, localisé en partie dorsale du gland sur toute sa longueur. 9,19 Comme les autres rongeurs hystricomorphes, le pénis a de minuscules pointes blanches organisées dorsolatéralement en deux lignes parallèles depuis l’ouverture de l’urêtre jusqu’au gland. En face ventrale du gland du pénis se trouve un sac d’intromission.9 Pendant l’érection, le sac est éversé et deux protubérances cornées font protrusion.5,9,23 La fonction de ces projections de 3-5 mm de longueur est inconnue.9
Les glandes reproductrices des mâles incluent les vésicules séminales (ou glandes vésiculaires), les glandes coagulantes, les glandes bulbo-urétrales et la prostate (Fig 3).5,27 Une glande préputiale rudimentaire est également parfois présente.9

Figure 3. Anatomie reproductrice du cochon d’Inde (Cavia porcellus) mâle. (A) vésicule séminale (B) testicule (C) canal déférent (D) prostate antérieure ou glande coagulante (E) vessie (F) glande de Cowper ou glande bulbo-urétrale (G) urètre (H) pénis (I) épididyme. Crédit photo : Drs. Craig Franklin et Cindy
- Les vésicules séminales sont larges, transparentes et lisses. Ce sont les plus volumineuses glandes des cochons d’Inde mâles, mesurant jusqu’à 100 mm de longueur et 6-9 mm de diamètre. Ces deux longs sacs aveugles de forme spiralée se situent ventralement aux uretères et s’abouchent à l’urètre via deux canaux localisés immédiatement caudo-dorsalement au canal déférent.9,19,23,27
Astuce pratique : ces deux volumineuses vésicules séminales peuvent être méprises pour des cornes utérines.
- La prostate est constituée de deux paires de lobes. Un petit lobe ventral et un volumineux lobe dorsal sont connectés par un isthme transverse, localisé caudo-médialement aux glandes coagulantes et latéralement à la base des vésicules séminales.9,27
- Les deux glandes coagulantes sont de forme conique et sont lobulées. Elles se situent à proximité des vésicules séminales, caudalement à la vessie et sont intimement associées à la prostate.9
- Les deux glandes bulbo-urétrales sont petites, lobulées et de forme ovale, et sont connectées à l’urètre par un unique canal.9
Chaque follicule pileux du cochon d’Inde est associé avec une glande sébacée androgène-dépendante. Ces glandes sont particulièrement nombreuses le long du dos et sont également présentes autour de l’anus, où elles sont nommées « glande caudale ».9,23 La glande caudale est plus développée chez le mâle et a une fonction de marquage par l’odeur (Fig 4). Les males frottent ou pressent fréquemment leur arrière train contre des surfaces, déposant ainsi les sécrétions de cette glande qui servent alors d’attractif sexuel et de marquage de territoire.9,23

Figure 4. Glande caudale (grande flèche) et region périnéale (petite flèche) chez un cochon d’Inde(Cavia porcellus) mâle. Source: Uwe Gille via Wikimedia Commons. Cliquer sur l’image pour agrandir.
Les cochons d’Inde femelles
La puberté survient vers l’âge de 2 mois chez les cochons d’Inde femelles.23 Le pic de reproduction est observé entre 3-4 et 20 mois et les femelles peuvent se reproduire jusqu’à l’âge de 4 à 5 ans.19,23 Les cochons d’Inde ont un cycle poly-œstral saisonnier et reproduisent toute l’année en captivité.9,23 L’ovulation est spontanée, avec un cycle œstral de 15 à 17 jours (intervalle de 13 à 21 jours).19 Les femelles montrent alors des signes visibles de proestrus et d’œstrus. Pendant le proestrus, les femelles deviennent plus actives, poursuivent leurs congénères, balancent leur arrière train et produisent un son guttural caractéristique. L’œstrus dure 6 à 11 heures pendant lesquelles la femelle se met en lordose (colonne vertébrale cambrée avec hanches surélevées) et présente une vulve gonflée.23
La femelle possède une unique paire de mamelles inguinales possédant chacune un téton unique (Fig 5), cependant il est fréquent de constater la présence de tétons surnuméraires.9,19,22 En comparaison avec le mâle, les tétons de la femelle sont plus longs et plus proéminents.9

Figure 5. Les cochons d’Inde (Cavia porcellus) mâles comme femelles possèdent une unique paire de mamelles inguinales. Source : Drury Reavill, DVM, DABVP (Pratique aviaire), DACVP. Cliquer sur l’image pour l’agrandir.
Les femelles possèdent deux ovaires et un utérus bicorne, constitué de deux cornes utérines, d’un corps court et d’un seul col utérin (Fig 6, Fig 7).5,9,23

Figure 6. Vue d’une corne utérine (flèche) chez un cochon d’Inde (Cavia porcellus) adulte. Source : Drury Reavill, DVM, DABVP (Pratique aviaire), DACVP Cliquer sur l’image pour l’agrandir.

Figure 7. Vue macroscopique des cornes utérines (petite flèche) et du corps de l’utérus (grande flèche) chez un cochon d’Inde (Cavia porcellus). Source : Drury Reavill, DVM, DABVP (Pratique aviaire), DACVP. Cliquer sur l’image pour l’agrandir.
Pendant l’anœstrus et la gestation, l’entrée du vagin des rongeurs hystricomorphes est scellée par une membrane épithéliale appelée la membrane vaginale. La membrane s’ouvre au moment de l’œstrus, à 26 ou 27 jours de gestation et au moment de la mise-bas chez la plupart des animaux.19,22,23,29 La femelle a une dépression en forme de Y dans la région périnéale. L’ouverture vulvaire se situe à l’intersection des branches et l’anus est localisé à la base du Y (Fig 8).23

Figure 8.Dépression en forme de Y de la région pérniéale d’une femelle cochon d’Inde (Cavia porcellus), montrant la vulve (flèche blanche) et l’anus (flèche jaune). Source : Dorcas O’Rourke, DVM, MS, DACLAM. Cliquer sur l’image pour l’agrandir.
Copulation
Quand une femelle réceptive est introduite, le mâle commence à ronronner et remuer son train postérieur de droite à gauche, tourner en rond et parfois se frotter contre la femelle ou même l’asperger d’urine. Si la femelle n’est pas réceptive, le mâle peut montrer un comportement agressif, notamment arracher les poils de la région cervicale de la femelle.19 Une femelle réceptive laisse le mâle lui renifler et lécher la région anogénitale.6,11,19 Elle se met en position de lordose et laisse le mâle la monter. Qu’il y ait éjaculation ou non, le mâle se frotte ensuite le périnée sur le sol. Pendant ce temps, la femelle se courbe en deux pour faire sa toilette génitale à l’aide de sa langue.19 L’accouplement se produit généralement dans le noir.8
Gestation
La durée de gestation moyenne est de 68 jours, avec un intervalle allant de 59 à 71 jours.9,19,23 Cette durée varie avec la lignée, le nombre de gestations et la taille de la portée.23 En moyenne, les portées comptent 2 à 4 petits, et peuvent aller de 1 à 13 petits.23 La distension abdominale ne devient évidente qu’en fin de gestation.8
Astuce clinique : Les fœtus peuvent être palpés dès 15 jours de gestation et forment des masses fermes et ovales. Les fœtus sont plus évidents à partir de 28 à 35 jours, et les différentes parties de leur corps sont différenciables à la palpation à partir du jour 35.8,9,23 Consulter Kaufmann 2004 dans Plus de lecture ci-dessous pour plus d’informations concernant la palpation des cochons d’Inde.
Mise-bas
La filière pelvienne de la femelle cochon d’Inde est étroit au niveau de l’ilium 30, et l’imminence de la mise-bas est signalée par la séparation de la symphyse pubienne.9,23 La libération de relaxine par la glande pituitaire et l’endométrium entraînent une dissolution complète du fibrocartilage de la symphyse pubienne.9,23,30 A partir du jour 40, seule une petite bride cartilagineuse maintient la symphyse et à la naissance, plus aucun cartilage n’est présent.9,23
Astuce clinique : Une ouverture pouvant aller jusqu’à 15 mm peut être palpée au niveau de la symphyse pubienne environ 2 jours avant la naissance. La largeaur de cette ouverture augmente jusqu’à 25 mm ou plus au moment de la mise-bas.23
Les cochons d’Inde ne font pas de nid 22,23, cependant la femelle montre généralement de l’intérêt pour les autres jeunes dans la cage juste avant la naissance.19 La mise-bas peut survenir à n’importe quel moment de la journée. La femelle se met alors accroupie sur 4 pattes, comme si elle allait déféquer, pendant qu’elle met bas.19 La naissance des cochons d’Inde est typiquement un processus rapide. Il se passe seulement 5 minutes entre le début de la mise-bas et la naissance du premier petit, et seulement 3 à 4 minutes entre les naissances suivantes (Vidéo 1).5,19,23
Vidéo 1. Mise-bas de cochon d’Inde, avec un petit naissant à 1:50
Lorsqu’un petit est expulsé de la filière pelvienne, la femelle se courbe pour attraper le petit avec ses dents, puis lèche le nouveau-né et consomme les membranes fœtales.19 Mâles comme femelles participent à la toilette des petits lors de la mise-bas.22 Les petits sont parfois laissés seuls jusqu’à ce que le dernier soit sorti.19
Le placenta est expulsé une fois que le dernier petit est né.19,23 Les cochons d’Inde sont exclusivement herbivores, avec pour seule exception la placentophagie, c’est-à-dire le fait de manger le placenta (Vidéo 2).23 La femelle, le mâle et les autres cochons d’Inde de la cage mangent tous le placenta.19,22,23 Le cannibalisme ou la consommation de fœtus avortés ou mort-nés n’ont jamais été documentés chez le cochon d’Inde.22
https://www.youtube.com/watch?v=movnOFeeR7o
Vidéo 2. Mise-bas de cochon d’Inde, illustrant la toilette des nouveau-nés, l’ingestion des membranes fœtales et la placentophagie.
L’œstrus post-partum survient 2 à 10 heures après la mise-bas.9,19 Si elle se reproduit, la femelle ne commence à s’occuper de ses petits qu’après l’accouplement.19
Nouveau-nés
A la naissance, les petits pèsent de 45 à 115 grammes.19,23 Leur poids est inversement proportionnel à la taille de la portée, et les petits de moins de 60 grammes survivent rarement.23 Les cochons d’Inde nouveau-nés sont nidifuges : ils naissent couverts de poils et les yeux ouverts. 9,23 Les petits sont capables de ramper dans les minutes qui suivent la naissance, se lèvent peu de temps après et marche et font leur toilette dans la journée.5,23 Les petits suivent leur mère ou parfois les autres femelles dans la cage.5 Les vocalisations sont importantes pour les espèces mobiles et nidifuges, et les petits cochons d’Inde produisent des vocalisations spécifiques lorsqu’ils sont séparés de leur mère. Les femelles sont capables de reconnaître leur petits sur la base de leurs vocalisations.9,16
Les mères cochons d’Inde ne sont pas particulièrement attentionnées 5,23, cependant les mères de grandes portées réagissent à la présence de leurs petits pendant une plus longue période que les mères de petites portées.15 Le comportement de toilettage maternel est normalement limité au léchage de la région anogénitale pendant les 2 à 3 semaines qui suivent la naissances, et aident le nouveau-né à uriner et déféquer.19 La miction et la défécation volontaires sont acquis pendant la deuxième semaine de vie.19,23
Le comportement paternel chez les cochons d’Inde n’a pas beaucoup été étudié, cependant, les mâles sauvages ont été observés jouant et toilettant les petits.1 Il a été montré que les comportements paternels sont plus présents lorsque un seul mâle est avec une femelle. La compétition avec les autres mâles et l’instinct d’accouplement avec les autres femelles sont suspectés d’être responsables d’une diminution du temps disponible ou de l’intérêt pour le comportement paternel. 1
Les petits cochons d’Inde commencent à jouer avec leurs frères et sœurs dès l’âge de 3 jours. Le jeu est plus important à 3 semaines, et les petits sautent verticalement, en changeant de direction ou en secouant la tête et en se dandinant (Video 3).19
Vidéo 3. Comportement de “popcorn” chez un jeune cochon d’Inde.
Lactation
Le lait des cochons d’Inde contient 3,9% de matière grasse, 8,1% de protéines et 3% de lactose.19,23 La durée normale de lactation est d’environ 3 semaines.23,29 Le pic de production laitière survient à 7 jours post-partum et la production régresse à 4 semaines post-partum.9 Le nombre de petits dépasse souvent le nombre de mamelles cependant les jeunes rencontrent rarement des difficultés à obtenir du lait.19 Les nouveau-nés naissant dans une cage où d’autres petits plus âgés sont encore en cours d’allaitement peuvent se faire chasser de la mamelle et ne pas pouvoir se nourrir aussi souvent que nécessaire.19
Lorsqu’ils s’allaitent, les nouveau-nés se mettent en position de « lordose filiale ». Le dos est plat et la région périnéale est relevée, permettant à la mère de lécher la région anogénitale. Parfois, lorsqu’il est en position de lordose filiale, le nouveau-né émet un ronronnement, que l’on suppose être une sorte de vocalisation de contact.19 Ce comportement diminue lorsque les petits acquièrent la miction spontanée pendant leur deuxième semaine de vie.19,23
Les mères cochons d’Inde permettent l’allaitement de manière passive, plutôt que d’aller chercher activement leurs petits.5,23 Les femelles gestantes autorisent aussi les petits des autres femelles à s’allaiter.5,23 Idéalement, un petit cochon d’Inde orphelin doit recevoir du lait d’une femelle cochon d’Inde pendant au moins 5 jours.23 Les jeunes survivent rarement s’ils ne reçoivent pas de lait maternel pendant les 3 à 4 premiers jours de vie,23 bien que le petit ait reçu tous les anticorps maternels à partir du placenta.31
Si l’adoption par une autre femelle n’est pas possible, les orphelins peuvent être nourris à la pipette ou avec un biberon dès 12 à 24 heures après la naissance.23 Un mélange 1:1 de lait concentré et d’eau peut être utilisé pour remplacer le lait maternel des cochons d’Inde.23 La fréquence d’alimentation recommandée est : toutes les 2 heures jusqu’au jour 5, puis toutes les 4 heures ensuite.23 Il est important de stimuler l’élimination fécale et urinaire après chaque repas jusqu’à la deuxième semaine de vie.23
En Australie, un lait de remplacement pour cochons d’Inde est disponible dans le commerce via Wombaroo.
Sevrage
Bien que l’allaitement se poursuive pendant plusieurs semaines, les petits commencent à se nourrir d’aliments solides dès le jour 2 ou dans les jours suivant leur naissance.5,23 Des granulés mouillés peuvent être proposés.23 Les petits sont habituellement sevrés à 21 jours (intervalle de 14 à 28 jours) ou quand leur poids atteint 150-200 grammes.5,19,23 Les petits élevés à la main peuvent être sevrés dès 3 à 4 jours grâce à leur nature nidifuge, tant que les stimulations anogénitales sont poursuivies.19,22 Les petits restent avec leur mère et leurs frères et sœurs longtemps après le sevrage, mais passent plus de temps avec les autres femelles adultes (mais pas les mâles) après le sevrage.9,11
Maladies associées à la gestation
Toxémie de gestation
La toxémie de gestation peut survenir en fin de gestation, généralement 2 semaines avant la mise-bas, jusqu’à 2 semaines postpartum.7,10 Il y a deux formes distinctes de toxémie de gestation bien que le tableau clinique soit similaire.7 Les signes cliniques incluent anorexie, abattement, ataxie et dyspnée, et peuvent progresser vers des spasmes musculaires, une paralysie et la mort.7,13
La forme métabolique, aussi connue sous le nom de cétose, est fréquente chez les femelles obèses, le plus souvent lors de leur première ou deuxième gestation.10 La demande énergétique importante des fœtus en croissance crée un déséquilibre entre l’apport et le besoin énergétique, et active le métabolisme des graisses.10,13 Les analyses de laboratoires peuvent alors révéler une acidose, une hypoglycémie (< 60 mg/dL), une hyperlipidémie, une hyperkaliémie, une cétonurie, une protéinurie et une acidurie avec un pH urinaire passant de 9 à 5-6.8,12,13,17,30 La cétose doit être gérée par l’administration intraveineuse (IV) ou intraosseuse d’une perfusion isotonique tiédie complémentée avec du glucose et l’administration de glucose par voie orale.10 La réalimentation est débutée avec un aliment riche en fibre et de haute densité énergétique comme le Emeraid Herbivore Intensive Care.17 Le pronostic de la toxémie de gestation est sombre et la prévention est essentielle. Il convient d’encourager l’exercice et prévenir l’obésité tout en s’assurant d’un apport permanent d’eau et de nourriture.10,13,30 Il faut également minimiser le stress et éviter tout changement alimentaire ou dans l’environnement pendant la fin de la gestation.10
La forme circulatoire de la toxémie de gestation, aussi connue sous le nom de prééclampsie, est causée par l’ischémie du placenta et de l’utérus due à une compression de la vascularisation par l’utérus gravide. L’utérus peut aussi comprimer la vascularisation rénale et gastrointestinale.10 Les fœtus sont habituellement morts et en cours de décomposition.13 La diagnostic de l’ischémie secondaire à la gestation repose sur des mesures indirectes de la pression artérielle pour rechercher une hypertension qui survient suite à la compression des vaisseaux rénaux, ou une hypotension due au choc.10 Les analyses de laboratoire mettent en évidence une protéinurie et une augmentation de la créatinine.17 Commencer par la gestion du choc chez le patient hypotensif.10Le traitement de l’ischémie utéroplacentaire repose sur la réalisation d’une césarienne d’urgence et l’administration de fluidothérapie intraveineuse complémentée en glucose,13 bien que la chirurgie soit associée à un risque important.
Dystocie
Les femelles souffrent d’un taux élevé de mortalité fœtale (mort-nés) et néonatale due aux dystocies.7,23 Les dystocies peuvent survenir lorsque la première gestation a lieu après la fermeture de la symphyse pubienne, lorsque les petits sont trop gros par rapport à la filière pelvienne, lorsque la filière pelvienne est anormalement étroite ou lorsque la femelle est obèse.19,30 Il faut suspecter une dystocie quand la femelle gestante présente des signes d’abattement ou un écoulement vaginal hémorragique ou coloré. Une césarienne d’urgence est indiquée dans la plupart des cas.23
Consulter la page du site LafeberVet concernant la Dystocie chez le cochon d’Inde pour plus d’informations.
Autres maladies du système reproducteur
Les kystes ovariens, les tumeurs mammaires ainsi que les tumeurs de l’utérus et du col de l’utérus sont parmi les maladies les plus fréquemment rencontrées chez la femelle cochon d’Inde. Les autres maladies du système reproducteur décrites dans la littérature incluent les prolapsus utérins ou vaginaux, les mammites, les pyomètres, les métrites, les vaginites, les orchites et les épididymites. 10,17
Kystes ovariens
Les kystes ovariens (ou kystes du rete ovarii), unilatéraux ou bilatéraux, sont une des maladies les plus fréquentes de l’appareil reproducteur du cochon d’Inde femelle (Fig 9).10,24,25 Des kystes séreux, simples ou multiples, ont été identifiés chez 58 à 100% des femelles entre l’âge de 3 mois et 5 ans.3,10,17,30 La taille et la prévalence des kystes augmente avec l’âge.7,24

Figure 9. Photographie macroscopique de kystes ovariens chez un cochon d’Inde (Cavia porcellus). Crédit: Drury Reavill, DVM, DABVP (Pratique aviaire), DACVP.
Les kystes ovariens sont souvent associés avec d’autres maladies tels que les léiomyomes, les tumeurs de la granulosa, l’hyperplasie glandulokystique de l’utérus, les mucomètres et les endométrites.4,7,10,28 Les signes cliniques peuvent inclure une distension abdominale en forme de poire, une anorexie, un abattement et une infertilité.10,28 Quand des kystes folliculaires fonctionnels sont présents, une alopécie bilatérale symétrique peut aussi être observée au niveau des flancs, secondairement à l’hyperoestrogénisme.10,28 Des changements comportementaux tels que de l’agressivité ou un œstrus permanent peuvent aussi être observés.28
Le diagnostic définitif de kystes ovariens repose sur l’échographie abdominale ou la laparotomie exploratrice, bien que la radiographie puisse permettre d’identifier les kystes lorsqu’ils sont très volumineux.7,10 Le traitement de choix est l’ovariohystérectomie ou l’ovariectomie car la récidive est fréquente, cependant le risque anesthésique et chirurgical peut être important chez les patients âgés ou très malades.7,10,28 Les traitements hormonaux ne se sont pas révélés suffisamment efficaces pour être recommandés.10,24,28 Compte tenu de l’incidence élevée des kystes ovariens et des autres problèmes liés à la reproduction, l’ovariohystérectomie ou ovariectomie préventive est recommandée chez les animaux non voués à être reproduits.7
Tumeurs
Les tumeurs de l’appareil reproducteur représentent environ 25% des tumeurs observées chez les cochons d’Inde de plus de 3 ans.14,22 Les tumeurs de l’appareil reproducteur sont plus fréquentes chez les femelles que chez les mâles, les plus couramment rapportées étant les tumeurs mammaires et les tumeurs de l’utérus.14,18,22 Les tumeurs testiculaires sont rares.14,30
- Les adénocarcinomes et fibroadénomes mammaires peuvent être observés chez les mâles et les femelles.14,21
- Les tumeurs utérines décrites incluent léiomyome, léiomyosarcome, fibrome, fibrosarcome myxoïde et sarcome utérin à cellules fusiformes.14,21,28,30
- Les tumeurs ovariennes spontanées incluent tératome, tumeur de la granulosa et adénocarcinome.4,14,21,30
- Des polypes du col de l’utérus, ainsi que des adénomes et adénocarcinomes du col de l’utérus ont aussi été décrits.18
Résumé
Les cochons d’Inde mâles possèdent des poches scrotales bien visibles et des testicules volumineux. Les mâles ont aussi plusieurs glandes sexuelles accessoires, incluant deux vésicules séminales. Ces deux longs sacs aveugles de forme spiralée occupent une part importante de l’abdomen caudal. La puberté survient à l’âge de 2 à 3 mois chez les mâles et 2 mois chez les femelles. Les femelles ont un cycle poly-œstral saisonnier et une ovulation spontanée. La durée moyenne de la gestation des cochons d’Inde est de 68 jours, avec un intervalle de 59 à 72 jours. Pendant la gestation, le cartilage reliant les os de la symphyse pubienne commence à se dissoudre et a complètement disparu au moment de la mise-bas. La séparation de la symphyse pubienne peut ne pas se faire de manière adéquate chez les femelles reproduites après l’âge de 7-8 mois, pouvant alors entraîner une dystocie. Les autres maladies importantes associées à la reproduction des cochons d’Inde incluent la toxémie de gestation et les kystes ovariens. Les nouveau-nés sont nidifuges. Les mères cochons d’Inde laissent passivement leurs petits s’allaiter, et autorisent les petits des autres femelles à s’allaiter, permettant au besoin l’adoption de petits orphelins.
Références
Références
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Pour plus de lecture
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