Manipulation et contention des lézards

Points clés

  • Le but d’une bonne contention chez un lézard est de contrôler les mouvements naturels serpentins du lézard tout en prêtant attention à la bouche, aux pattes et à la queue.
  • Faites particulièrement attention aux lézards carnivores comme les varans ou les téjus, qui possèdent des mâchoires puissantes et des réflexes rapides comme l’éclair.
  • Les lézards iguanidés ont tendance à se protéger en utilisant leurs griffes et leur queue.
  • L’autotomie de la queue est un moyen de défense consistant à perdre sa queue pour échapper à la prédation. L’autotomie est présente chez certaines espèces comme les lézards iguanidés ou les geckos.
  • Pour maintenir un lézard, placer une main autour du cou et de la ceinture pectorale tandis que l’autre main soutien le bassin et la base de la queue.

Transport

Les lézards doivent être transportés chez le vétérinaire dans un container sécurisé, comme une boîte de transport pour chat. Le propriétaire doit s’assurer de prendre des précautions afin de limiter la perte de chaleur durant le transport en utilisant, par exemple, des sachets de grains à réchauffer au micro-ondes ou des bouteilles d’eau chaude, qui doivent être hors de portée du lézard. (Eatwell 2013, Cannon and Johnson 2014).

Moyens de défense

Il est important de prendre connaissance des moyens de défense naturels des espèces d’intérêt et former le personnel à les reconnaître. Le comportement d’un lézard peut varier de manière importante en fonction de son espèce, de son âge, et de son état de santé. Les signes d’agression et de territorialité peuvent inclure des mouvements de tête, une position de côté afin de mieux percevoir une menace, de l’aérophagie, une position surélevée par rapport au sol afin de paraître plus imposant, et des mouvements de queue en direction de la menace (Vidéos 1-4) (Tableau 1).

Vidéo 1. L’aérophagie peut être un signe de territorialité et d’agression chez le lézard. Crédit vidéo: Erica Mede, CVT

Tableau 1. Signes d’agression et de territorialité chez les lézards
  • Mouvements de tête
  • Se tenir de côté
  • Avaler de l’air
  • Se tenir surélevé par rapport au sol
  • Fouetter de la queue

Vidéo 2. La posture de ce lézard n’invite pas au contact. L’animal se tient de côté afin de mieux percevoir une menace, avale de l’air et se tient haut. Crédit vidéo: Erica Mede, CVT

Vidéos 3 and 4. Signes d’agression et de défense chez un caméléon. Crédit vidéo: Erica Mede, CVT

DENTS

Ne jamais passer le bras au-dessus ou devant un lézard si la tête n’est pas maintenue. Tous les lézards peuvent mordre, mais certaines espèces, comme les varans et les téjus sont de vrais carnivores, connus pour leurs mâchoires puissantes qu’ils utilisent pour écraser et tordre leurs proies. Ces lézards au long cou peuvent bouger très rapidement et se retourner facilement pour mordre si la tête n’est pas correctement maintenue. En cas de morsure, ne pas essayer de se dérober en tirant car cela pourrait inciter l’animal à mordre plus fort (Bradley 2002).

ASTUCE CLINIQUE: Avoir un spray contenant de l’ alcool isopropylique à portée de main. Quelques gouttes de spray directement sur la langue peuvent permettre assez rapidement de faire lâcher l’animal (Mader 2009, Bradley 2002).

GRIFFES ET QUEUE

Certaines espèces de lézards, comme l’ iguane vert (Iguana iguana), sont plus prompts à utiliser leurs griffes acérées et leur queue pour se défendre (Fig 1). Porter une blouse blanche ou des manches longues autant que possible pour manipuler des lézards. La réalisation d’une coupe de griffes avant de commencer l’examen clinique ou les examens complémentaires est également dans l’intérêt du manipulateur.

Some lizards like the green iguana are much more likely to use claws and tail lashing for defense

Figure 1. Certains lézards, comme l’iguane vert, (Iguana iguana) sont plus prompts à utiliser leurs griffes ou leur queue pour se défendre. Crédit photo: Resa McLellan Cliquer pour agrandir l’image.

Les lézards de grande taille utilisent aussi leur queue comme un fouet, qui peut infliger de graves blessures à un manipulateur peu méfiant. De plus, ce comportement agressif augmente aussi le risque de traumatisme de la queue.

Ne pas nuire

Le manipulateur doit prendre des précautions afin de se protéger sans toutefois faire de mal au patient.

AUTOTOMIE DE LA QUEUE

Ne jamais attraper un lézard par la queue. Certaines espèces peuvent pratiquer l’autotomie, un moyen de défense consistant à perdre sa queue pour échapper à la prédation. Chaque vertèbre de la queue contient un plan de fracture vertical de tissu fibro-conjonctif et de cartilage. Quand l’extrémité distale de la queue et attrapée, la queue peut réellement se détacher ou “tomber”, même en cas de pression minime. Cela peut être très difficile à tolérer pour le propriétaire, et le fait que la queue repousse sous forme de moignon cartilagineux n’est souvent qu’une bien maigre consolation (Mader 2009) (Fig 2).

It is often impossible not to damage the dorsal spines during restraint of iguanid lizards, however make every effort to do so

Figure 2. Il est souvent impossible de ne pas endommager les épines dorsales durant la contention des lézards iguanidés, mais il est important d’essayer. Crédit photo: Erica Mede, CVT Cliquer pour agrandir l’image.

L’autotomie de la queue est possible chez certaines espèces comme les iguanes et les geckos. Les geckos Tokay (Gecko gecko) sont particulièrement difficiles car ces lézards peuvent fréquemment perdre leur queue au cours de la manipulation ou même parfois lors de la perception d’une menace. L’autotomie de la queue n’a en général pas lieu chez les lézards agamidés (comme les pogonas), les varans, ou les caméléons.

ASTUCE CLINIQUE: Ne jamais attraper les lézards par l’extrémité distale de la queue. Maintenir la queue à sa base, ou proche du bassin.

PEAU SENSIBLE

Tous les lézards n’ont pas une peau dure et protectrice. Certains lézards comme les geckos diurnes (Phelsuma sp.), les geckolepis (Geckolepis sp.), et les geckos géants de Madagascar ont une peau très délicate pouvant être facilement abimée par la contention et la manipulation (Nugent-Deal 2011). Ne pas manipuler ces lézards à moins que ça ne soit absolument nécessaire car ils peuvent perdre à la fois leur queue et leur peau avec une contention même minime, provoquant une défiguration permanente. Il est préférable d’observer ces animaux à travers une paroi transparente, comme une boîte de transport en plastique.

FRACTURES

Les fractures et luxations sont rapportées comme une complication suite à une contention inappropriée des lézards, particulièrement lorsque le patient souffre de “maladie métabolique osseuse” ou d’hyperparathyroïdisme secondaire d’origine nutritionnelle.

Techniques de contention

NE SENTEZ PAS LA NOURRITURE POUR LEZARD

S’il est important de se laver les mains entre chaque patient, il est d’autant plus important de bien se laver les mains après avoir manipulé un lapin ou un rongeur? Il est préférable de ne pas porter l’odeur d’une proie pour manipuler un reptile carnivore comme un varan.

EQUIPEMENT DE PROTECTION

La plupart des gens préfèrent attraper les lézards à la main plutôt qu’avec des gants, qui peuvent réduire la sensibilité tactile et rendre la manipulation plus difficile (Fig 3). L’utilisation d’une serviette ou d’une couverture peut faciliter la capture et la contention des lézards nerveux ou agressifs (Fig 4). Le premier défi de la contention des petits lézards est de les attraper avant qu’ils ne s’enfuient de leur boîte de transport ouverte. Une serviette légère et de petite taille ou du papier absorbant peuvent être utilisés pour faciliter la capture de ces individus de petite taille, cette technique étant similaire à celle utilisée pour attraper les petits oiseaux. (Consulter la vidéo LafeberVet Manipulation et contention des passereaux pour plus d’informations).

Most people prefer to catch lizards by hand as thick leather gloves can reduce tactile ability

Figure 3. La plupart des gens préfèrent attraper les lézards à la main, les gants en cuir épais pouvant réduire la dextérité. Crédit photo: Erica Mede, CVT Cliquer pour agrandir l’image.

A surgical towel can be used to capture and restrain a small lizard

Figure 4. Une serviette chirurgicale peut être utilisée pour capturer et manipuler un petit lézard. Crédit photo: Erica Mede, CVT Cliquer pour agrandir l’image.

TECHNIQUE STANDARD

La taille, la force et le tempérament des lézards peuvent varier considérablement, c’est pourquoi une variété de techniques de manipulation est nécessaire. Une contention appropriée vise à contrôler les mouvements serpentins naturels du lézard et consiste en général à placer une main autour du cou et de la ceinture pectorale. L’autre main supporte le corps au niveau du bassin, maintenant les pattes arrières le long de la queue ou juste sous le bassin (Fig 5). Ne jamais maintenir les membres au-dessus de la colonne vertébrale, les fractures et luxations étant des complications possibles (Hernandez-Divers 2006). Contrôler la tête en la tenant fermement juste à la base du crane avec le pouce et l’index. Enrouler les doigts restants de la même main autour des épaules pour plaque les pattes avant contre le thorax (Fig 6, Fig 7).

When restraining a lizard, place one hand around the neck and pectoral girdle region

Figure 5. Lors de la contention d’un lézard, placer une main autour du cou et de la ceinture pectorale. Crédit photo: Dr. Christal Pollock Cliquer pour agrandir l’image.

One hand supports the lizard’s pectoral girdle, while the other hand supports the body near the pelvis, grasping the rear legs up against the tail at or just below the pelvis

Figure 6. Une main supporte la ceinture pectorale tandis que l’autre main supporte le corps au niveau du bassin, maintenant les pattes arrières le long de la queue ou juste sous le bassin. Crédit photo: Dr. Christal Pollock Cliquer pour agrandir l’image.

One hand supports the lizard’s pectoral girdle, while the other hand supports the body near the pelvis, grasping the rear legs up against the tail at or just below the pelvis

Figure 7. Une main supporte la ceinture pectorale tandis que l’autre main supporte le corps au niveau du bassin, maintenant les pattes arrières le long de la queue ou juste sous le bassin. Crédit photo: Erica Mede, CVT Cliquer pour agrandir l’image.

Afin d’empêcher le lézard de fouetter avec sa queue, caler la queue entre les hanches du manipulateur et la table. Prendre soins de ne pas plaquer la queue contre la table en maintenant le lézard (Bays 2013). Pour les individus de grande taille maintenus par 2 personnes, caler la queue entre les hanches des 2 manipulateurs (Bradley 2002).

Toujours appliquer une pression ferme, mais modérée pour maintenir un lézard. Comme pour les chats, plus ils sont maintenus fermement, plus les lézards auront tendance à se débattre. Bien que cela soit parfois impossible, éviter autant que possible d’endommager les épines dorsales des espèces comme les iguanes (Fig 8).

Although often an impossible task, make every effort to avoid damaging the dorsal spines during restraint of iguanid lizards

Figure 8. Bien que cela soit parfois impossible, éviter autant que possible d’endommager les épines dorsales des iguanes durant la contention. Crédit photo: Erica Mede, CVT Cliquer pour agrandir l’image.



RESTREINDRE LA VISION

Couvrir les yeux reste souvent le moyen le plus simple pour faciliter la manipulation d’un lézard. Le simple fait de placer une serviette sur la tête peut aider à l’examen des membres et du reste du corps. Un “système de bandeau”, dans lequel deux boules de coton sont placées sur les yeux et maintenues par une bande élastique (ex : Vetrap, 3M), peut aussi encourager le lézard à se tenir tranquille pour une procédure non invasive comme une radiographie.

REPONSE VASOVAGALE

Utiliser la réponse vasovagale peut s’avérer utile pour maintenir les lézards iguanidés. Appliquer une pression modérée sur les deux orbites peut placer les lézards iguanidés dans un état stuporeux jusqu’à 45 minutes ou jusqu’à ce qu’un stimulus douloureux soit ressenti (Hernandez-Divers 2006).

CAMELEONS

La plupart des caméléons se sentent plus en sécurité et se débattent probablement moins s’ils ont la possibilité de se percher ou de s’agripper à quelque chose, comme un doigt, une main, un perchoir ou même une serviette repliée (Fig 9).

Most chameleons will be more secure when allowed to perch

Figure 9. La plupart des caméléons se sentent plus en sécurité s’ils ont la possibilité de s’agripper. Erica Mede, CVT Cliquer pour agrandir l’image.



Conclusion

Avant de manipuler un reptile, définir clairement les rôles de chacun des intervenants et rassembler tout le matériel pouvant s’avérer nécessaire. La taille, la force et le tempérament des lézards peuvent varier considérablement, c’est pourquoi une variété de techniques de manipulation est nécessaire. Ces techniques variant en fonction de l’espèce, de l’expérience du manipulateur et de la procédure envisagée. Cependant, l’objectif d’une contention appropriée est de controller le mouvement serpentin naturel du lézard tout en maîtrisant la bouche, les pattes et la queue. Il convient de faire particulièrement attention aux lézards carnivores comme les varans ou les téjus, qui possèdent des mâchoires puissantes et des réflexes rapides comme l’éclair. Les lézards iguanidés ont tendance à se protéger en utilisant leurs griffes et leur queue. L’autotomie de la queue est un moyen de défense consistant à perdre sa queue pour échapper à la prédation. L’autotomie de la queue est un moyen de défense présent chez certaines espèces comme les lézards iguanidés ou les geckos. Ils utilisent la perte de la queue comme un moyen d’échapper à la prédation. Pour maintenir un lézard, placer une main autour du cou et de la ceinture pectorale tandis que l’autre main soutien le bassin et la base de la queue.

Références et lectures complémentaires

Références

Ballard B, Cheek R (eds). Exotic Animal Medicine for the Veterinary Technician, 3rd ed. Ames, IA: Wiley Blackwell; 2017.

Bassert JM, Thomas J. McCurnin’s Clinical Textbook for Veterinary Technicians. St. Louis: Elsevier Health Sciences; 2017.

Bradley TA. Basic reptile handling and restraint. Proc Annu Western Veterinary Conference 2002

Cannon M, Johnson R. Handling and nursing reptiles (What’s normal & what’s not). Proc NSW Division Regional Conference 2014.

Eatwell K. The reptile consultation. Proc Annu British Small Animal Veterinary Congress 2013

Johnson R. Serious reptile practice – How to tame a tiger snake, and more. Proc Annu Conf Australian Veterinary Association 2013

Mader D. Reptile handling and husbandry. Proc Annu Western Veterinary Conference 2009

Mitchell MA. Managing the reptile patient in the veterinary hospital: Establishing a standard of care model for nontraditional species. J Exotic Pet Med. 19(1):56-72, 2010.

Nugent-Deal J. Reptile physical exam, capture, restraint and venipuncture Techniques. Proc Annu Conf Amer Board of Veterinary Practitioners 2011