Examen clinique des oiseaux

Points clés

  • L’examen clinique de base est le même chez les oiseaux que ches les autres espèces
  • Néanmoins, il est particulièrement important chez les oiseaux, et les autres NAC, de glaner autant d’indices que possible à partir de l’anamnèse et de l’examen visuel ou à distance.
  • Une période d’acclimatation d’un minimum de 5-10 minutes avant l’examen peut aider l’oiseau à se détendre. L’oiseau peut ainsi montrer des signes subtiles de maladie ou de dyspnée qui pourraient passer inaperçus sinon.
  • Tous les oiseaux ne peuvent subir le stress d’une contention manuelle et d’un examen physique. Une température plus élevée dans un environnement calme et sombre et/ou de l’oxygène supplémentaire peut être requis pour que l’oiseau soit suffisamment résistant pour supporter un bref examen.
  • Soyez prêt. Rassemblez à l’avance tout le matériel dont vous pourriez avoir besoin, et soyez sûr que la pièce est sécurisée.
  • Suivez le même protocole durant chaque examen clinique, et profitez de chaque occasion pour vous familiariser avec l’oiseau sain.
  • Les éléments clés de l’examen varieront, mais ils incluent généralement la mesure du poids en grammes, l’oropharynx, le jabot, le sternum, le cœlome et le cloaque. Le fond d’œil doit être évalué systématiquement en cas de traumatisme.
  • A l’issue de l’examen, la plupart des oiseaux sans anomalie de poids ou de santé retrouvent leur fréquence respiratoire initiale en approximativement 2-3 minutes.

Introduction

Une énorme quantité d’informations peut être obtenue à partir d’un bon examen clinique chez les oiseaux. Cependant avant même que le patient ne soit effleuré, de bonnes informations pour le diagnostic peuvent être obtenue d’un historique détaillé suivi par l’évaluation minutieuse de l’environnement ou de la cage du patient. L’examen visuel de l’oiseau peut aussi apporter des informations utiles –et plus important encore une observation attentive peut vous indiquer que le patient n’est pas suffisamment résistant pour supporter le stress d’une contention manuelle (Fig 1).

Un examen clinique précis de l’oiseau doit toujours être précédé du recueil d’un historique détaillé et d’une observation visuelle attentive

Figure 1. Un examen clinique précis de l’oiseau doit toujours être précédé du recueil d’un historique détaillé et d’une observation visuelle attentive. Cliquez sur l’image pour agrandir.

Anamnèse

Tout d’abord, identifiez le motif de consultation ou les raisons de la présentation de l’oiseau en consultation (Fig 2).

  • Quel est le problème?
  • Quelle est l’évolution et/ou la durée des signes cliniques?
  • Des traitements ont-ils déjà été essayés?
  • Il y a t-il eu une réponse à ce traitement?
Obtenir un historique détaillé, en commençant par le motif de consultatio

Figure 2. Obtenir un historique détaillé, en commençant par le motif de consultation. Crédit photo: Dr. Christal Pollock. Cliquez sur l’image pour agrandir.

Bien que l’anamnèse soit importante chez toutes les espèces, il est spécifiquement crucial d’obtenir un historique détaillé et précis chez les NAC. Une part significative des problèmes de santé observés sont liés à l’environnement ou aux conditions d’entretien. Vérifiez également le signalement.

  • Est-ce que le propriétaire sait également quelles espèces il possède? La réponse à cette question peut donner des indices sur le niveau d’expérience du propriétaire.
    • Attention. Certaines personnes peuvent aussi tenter de masquer des espèces de détention illégale comme la conure veuve ou perruche moine (Myiopsitta monachus).
  • L’oiseau est-il un mâle ou une femelle? Beaucoup d’espèces d’oiseaux sont monomorphes, cependant il existe des exemples de dimorphisme sexuel dans l’univers des oiseaux (Tableau 1) :
Tableau 1. Dimorphisme sexuel chez les oiseaux
Espèce Mâle Femelle
Perruche ondulée Cire bleue Cire marron ou teintée de rose
Canari Chant plus mélodieux  
Calopsitte
(standard ou sauvage)
Front, cou et huppe jaunes, tache orange fluo sur les joues. Plumage dur et noir sous les ailes. Chant plus mélodieux. Moins de jaune et stries sous les ailes et la queue
Cacatoès,
blanc et rose
Iris marron foncé ou noir Iris marron-rouge ou marron clair
Eclectus Plumage vert Plumage rouge
Rapaces   Plus grande
Ratites Pseudo-pénis  
Oiseaux aquatiques Pseudo-pénis  

Vérifiez toujours comment le propriétaire a déterminé le sexe de son oiseau, en effet beaucoup de propriétaires d’espèces sexuellement monomorphes se reposent sur une « intuition » pour déterminer le sexe (Fig 3).

La seule méthode triviale pour déterminer le sexe chez les espèces d’oiseaux sexuellement monomorphes est l’observation d’une ponte

Figure 3. La seule méthode triviale pour déterminer le sexe chez les espèces d’oiseaux sexuellement monomorphes est l’observation d’une ponte. Cliquez sur l’image pour agrandir.

Les méthodes acceptables pour la détermination du sexe sont:

  • L’analyse ADN
  • L’endoscopie (Fig 4)
  • La ponte (la seule preuve triviale d’identification du sexe)
Scope female too

Figure 4. L’observation des ovaires par laparoscopie chez ce cacatoès mature est évidente, cependant des erreurs dans l’identification du sexe peuvent être faites lorsque l’oiseau est « examiné » jeune ou dans les gonades sont au repos. Image fournie par le Dr. Stephen Divers. Cliquez sur l’image pour agrandir.

The owner of a hen that has produced eggs should always be questioned further:

  • When was the last clutch (or collection of eggs) laid?
  • How many eggs are usually laid in a clutch?
  • Have any malformed or abnormally shelled eggs been produced?
  • Has any broody behavior (e.g. shredding paper, regurgitating to a mirror, seeking dark places) been observed?

Le propriétaire d’une poule qui a pondu des oiseaux doit être interrogé plus précisément:

  • Quand la dernière ponte (ou collecte d’œuf) a-t-elle eu lieu?
  • Combien d’œufs sont généralement produits par ponte?
  • Est-ce que des œufs malformés ou avec une coquille anormale ont été produits?
  • Est-ce qu’un comportement de nidification (e.g. déchiquetage de papier, régurgitation devant un miroir, recherche d’un endroit sombre) been a été observé?

Examen visuel

Une mine d’information peut être tirée d’un examen visuel ou à distance. Plus important, le recueil de l’historique et l’examen visuel fournissent une période d’acclimatation de 5 à 10 minutes, donnant à l’oiseau le temps de se détendre. Des signes subtils de maladie grave qui pourraient être ratés autrement peuvent ainsi être détectés et traités (Fig 5).

Une période d’acclimatation de 5 à 10 minutes peut donner au patient le temps de se détendre et afficher des signes de maladie qu’il pourrait être en mesure de cacher brièvement

Figure 5. Une période d’acclimatation de 5 à 10 minutes peut donner au patient le temps de se détendre et afficher des signes de maladie qu’il pourrait être en mesure de cacher brièvement. Image fournie par le Dr. Susan Orosz.

L’examen visuel se déroule en deux étapes

  1. L’observation attentive de l’oiseau
  2. L’étude attentive de la cage de l’oiseau

Observer l’oiseau attentivement

Observez attentivement l’oiseau pour détecter des signes non-spécifiques de maladie (Tableau 2) ou une dyspnée (Tableau 3). Est-ce que l’examen visuel indique que l’oiseau est suffisamment résistant pour supporter un examen clinique complet? Ou l’oiseau est-il si mal que seul un examen sommaire peut être réalisé? Ou peut-être que l’oiseau n’est pas suffisamment solide pour tolérer le stress de toute contention pour le moment. Pour ces derniers patients, fournissez une source de chaleur supplémentaire et/ou de l’oxygène si besoin et placez l’oiseau dans un environnement sombre et calme. Retirez toutes les perchoirs et placez ses aliments préférés à proximité. Commencez les procédures de diagnostic, incluant examen clinique et traitement, dans les cas de patients gravement malades.

Tableau 2. Signes cliniques non spécifiques chez l’oiseau
  • Apparence ébourrifée
  • Tête cachée sous les ailes
  • Yeux partiellement clos (Fig 6)
  • Clignements fréquents
  • Posture voussée
  • Mauvaise qualité de plumage, absence de toilettage
  • Réticence à se déplacer
  • Reste au fond de sa cage
Un oiseau en bonne santé ne DORT PAS et ne ferme pas ses yeux dans la salle d’examen.

Figure 6. Un oiseau en bonne santé ne DORT PAS et ne ferme pas ses yeux dans la salle d’examen. Image fournie par le Dr. Susan Orosz. Cliquez sur l’image pour agrandir.

Tableau 3. Signes de dyspnée
  • Mouvement excessif du sternum
  • Respiration gueule ouverte (Fig 7)
  • Allongement du cou
  • Tremblement de la tête ou de la queue
  • Les ailes peuvent être écartées du corps
Il est impératif que les signes d’efforts respiratoires augmentés, comme la respiration gueule ouverte, soient reconnus et traitées avant le début de l’examen clinique

Figure 7. Il est impératif que les signes d’efforts respiratoires augmentés, comme la respiration gueule ouverte, soient reconnus et traitées avant le début de l’examen clinique. Cliquez sur l’image pour agrandir.

Visitez la section Urgences respiratoires chez les oiseaux pour découvrir une courte vidéo illustrant les efforts respiratoires augmentés chez les oiseaux. Et lisez « Signes d’affection de l’appareil respiratoire supérieur chez les oiseaux” pour plus d’information. Les signes d’affection de l’appareil respiratoire supérieur incluent en partie:

  • Ecoulements oculo-nasaux
  • Gonflement péri-oculaire
  • Preuve de traumatisme autour du nez ou des yeux
  • Bâillements fréquents
  • Changement ou absence de voix

Evaluez également les trois composantes des fientes lors de l’examen visuel: urine, urates, et fèces.

  • L’apparence des fientes varie selon les espèces. Par exemple, la perruche ondulée provient d’un climat aride et produit des fientes petites et sèches. Les frugivores, comme les loris et les loriquets, ont des selles humides et volumineuses.
  • La couleur de la composante fécale peut changer selon le régime alimentaire. Par exemple, les fruits rouges ou bleus produisent souvent des selles rouges ou bleues à cause du temps de transit gastro-intestinal rapide.
  • Les premières fientes produites par un oiseau stressé sont souvent polyuriques. Une polyurie persistante peut être observée en cas de maladie endocrinienne ou rénale. Une biliverdinurie, soit la teinte verte ou jaune-verte des urates, peut être observée avec certaines formes d’hépatopathies.

Il y a beaucoup d’autres observations potentielles qui peuvent donner des indices sur le statut pathologique du patient durant l’examen à distance:

  • Affaissement des ailes: Un affaissement des ailes peut être observe suite à des lésions musculo-squelettiques ou neurologiques de l’aile ou de la ceinture pectorale.
  • Posture des ailes: un oiseau normal étend ses deux ailes de façon symétrique pour garder l’équilibre (Fig 8). Une incapacité à réaliser cela indique une lésion de l’aile asymétrique.
  • Posture: Dans les affections causant une parésie ou une paralysie du membre pelvien, comme les tumeurs rénales ou des gonades, l’oiseau restera souvent sur la face plantaire du tarsométatarse sur le perchoir ou le sol de la cage. Les affections orthopédiques causant une boiterie aboutissent souvent à un oiseau qui relève la patte.
  • Conformation: Visitez la section Note d’état corporel chez les oiseaux pour de précieux indices durant l’examen visuel (Fig 9).
  • Qualité du plumage (Fig 10)
Les oiseaux étendent normalement leurs deux ailes de façon symétrique pour garder l’équilibre, cependant notez comment ce faucon manque d’emprise

Figure 8. Les oiseaux étendent normalement leurs deux ailes de façon symétrique pour garder l’équilibre, cependant notez comment ce faucon manque d’emprise. L’examen clinique confirme la présence de déficits neurologiques. Image par Dr. Ed Ramsay. Cliquez sur l’image pour agrandir.

La graisse qui se depose de chaque côté du bréchet peut mener les plumes à se décoller du sternum (flèche)

Figure 9. La graisse qui se depose de chaque côté du bréchet peut mener les plumes à se décoller du sternum (flèche). La présence de ce « clivage » n’implique pas nécessairement que l’oiseau est en surpoids et la palpation reste requise. Image fournie par le Dr. Gwen Flinchum. Cliquez sur l’image pour agrandir.

Cet Amazone aourou (Amazona amazonica)

Figure 10. Cet Amazone aourou (Amazona amazonica) devrait avoir un plumage vert brillant. Bien que ce patient puisse présenter un affection aiguë, seule une maladie chronique et/ou malnutrition peut causer un plumage aussi sombre et anormal. Image du Dr. Susan Orosz. Cliquez sur l’image pour agrandir.

Examiner et/ou discuter de l’environnement de l’oiseau

Quand cela est possible, le propriétaire doit prendre l’habitude de présenter son oiseau domestique dans sa propre cage et ne pas nettoyer la cage entre 12 et 24 heures avant la visite (Fig 11). Un certain nombre d’éléments de la cage doit être examiné:

  • De quel type de métal la cage est-elle faite?
  • Quelles sont les dimensions de la cage?
  • Où sont situés les perchoirs et les gamelles de nourriture?
  • Quels enrichissements de cage sont présents?
  • Quel substrat est utilisé?
  • Les méthodes de nettoyage de la cage doivent être abordées.
  • A quelle fréquence la cage est t-elle nettoyée?
  • Quel désinfectant est utilisé et à quelle fréquence?
  • Alimentation:
    Quelle nourriture est proposée à l’oiseau, et quels aliments sont réellement consommés et dans quelles proportions?
  • Est-ce qu’un supplément minéral, vitamines ou du grit sont proposés?
  • Quelle est la source d’eau?
Evaluez attentivement l’environnement de l’oiseau pour obtenir de précieux indices

Figure 11. Evaluez attentivement l’environnement de l’oiseau pour obtenir de précieux indices. Image du Dr. Carol Gamble. Cliquez sur l’image pour agrandir.

Avant d’attraper l’oiseau…

Avant d’attraper l’oiseau, il faut prudemment considérer…

  • Est-ce que mon patient est suffisamment résistant pour supporter le stress d’une contention manuelle et d’un examen clinique (voir examen visuel ci-dessus)?
  • De quel matériel vais-je avoir besoin?
  • Comment puis-je tenir mon patient en toute sécurité?

Matériel

Avant d’attraper l’oiseau, soyez prêt (Fig 12). Rassemblez tout le matériel dont vous pourriez avoir besoin, et assurez-vous que la pièce est sécurisée. Le matériel requis est variable, mais devrait systématiquement inclure:

  • Balance sensible aux variations de poids de 1 à 2 grammes
  • Linge ou serviette en papier pour la contention
  • Source de lumière blanche
  • Speculum oral
Soyez prêt

Figure 12. Soyez prêt. Le matériel nécessaire pour l’examen d’un oiseau est variable, mais inclue classiquement une balance, une source de lumière blanche, et un speculum oral. Cliquez sur l’image pour agrandir.

Le matériel additionnel qui pourrait être nécessaire inclue une loupe grossissante, une protection pour les oreilles, et un nécessaire à pansements.

Contention

Les oiseaux apprivoisés ne permettent pas un examen clinique trop prolongé. La rare exception à cela est le très jeune patient et quelques cacatoès (Fig 13). Ces individus devraient être touchés et palpés comme s’il s’agissait de caresses, en gardant pour la fin les procédures potentiellement stressantes, comme l’examen buccal ou du cloaque.

Pendant qu’une personne (gauche) s’occupe et parle à l’oisillon, une seconde personne peut réaliser l’examen clinique

Figure 13. Pendant qu’une personne (gauche) s’occupe et parle à l’oisillon, une seconde personne peut réaliser l’examen clinique. Image par le Dr. Susan Orosz. Cliquez sur l’image pour agrandir.

  • Ne jamais essayer de contenir un oiseau qui semble très faible ou dyspnéique, ces patients pouvant mourir (et meurent !) du stress de la contention.
  • N’attrapez jamais un oiseau depuis l’épaule du propriétaire.

Lorsque l’on attrape un perroquet, le premier objectif est de tenir la tête. Visitez les sections
Contention du perroquet et Contention des passereaux pour des explications écrites et des vidéos démonstratives. Une fois que vous tenez l’oiseau, le sternum doit toujours rester libre comme le mouvement du sternum est essentiel pour une respiration normale.

Lorsque l’on attrape un oiseau de proie, le premier objectif est de contenir les pattes (Fig 14). Visitez les sections Contention des oiseaux sauvages pour des conseils sur la contention des rapaces et autres espèces sauvages.

Même les griffes d’un petit oiseau de proie comme la petite nyctale (Aegolius acadicus) peut infliger de graves blessures et doit être approché avec soin

Figure 14. Même les griffes d’un petit oiseau de proie comme la petite nyctale (Aegolius acadicus) peut infliger de graves blessures et doit être approché avec soin. Cliquez sur l’image pour agrandir.

Examen clinique

Suivez toujours le même protocole pour chaque examen clinique, et profitez de chaque occasion pour vous familiariser avec l’oiseau normal.

  • Poids: Prenez le poids au début ou à la fin de l’examen
  • Symétrie: Analysez attentivement la tête du patient à la recherche de tout signe d’asymétrie du bec, des yeux, des narines, et de l’espace sinusal infra-orbitaire. (Fig 15).

    Prenez un instant pour rechercher chez votre patient tout signe d’asymétrie

    Figure 15. Prenez un instant pour rechercher chez votre patient tout signe d’asymétrie. Image par BotheredByBees. Cliquez sur l’image pour agrandir.

    • Yeux
      • Evaluez la cornée et la chambre antérieure (Fig 16).
      • Evaluez la réponse de la pupille à la lumière: l’iris des oiseaux comporte un nombre variable de muscles striés, ainsi les oiseaux peuvent contrôler volontairement la taille de leur pupille.
      • Evaluez les regions péri-orbitaire et infra-orbitaire à la recherche de tout gonflement discret.
      • Un examen du fond d’œil doit toujours être réalisé chez les oiseaux ayant subi un traumatisme crânien, en particulier chez les oiseaux de proie.
      • Visitez la section L’examen ophtalmique pour des détails spécifiques sur l’évaluation de l’œil des oiseaux

        Comme chez toutes les espèces, l’examen oculaire est une partie importante de l’examen

        Figure 16. Comme chez toutes les espèces, l’examen oculaire est une partie importante de l’examen. Cliquez sur l’image pour agrandir.

    • Oreilles (Fig 17 and Fig 18)
      • Les otites sont relativement rares chez les oiseaux, mais évaluez toujours les oreilles, à la recherche de rougeur, encombrement et gonflement, en particulier chez les jeunes patients.
      • Du sang ou des ecchymoses peuvent être observés dans les oreilles lors de traumatisme crânien.
      • Certains oiseaux peuvent également avoir des parasites à l’intérieur du conduit auditif, comme des tiques.
        L’apparence de l’oreille des oiseaux varie selon les espèces

        Figure 17. L’apparence de l’oreille des oiseaux varie selon les espèces. L’oreille d’une conure nanday (Nandayus nenday) est montrée ici. Cliquez sur l’image pour agrandir

        Oreille d’une chouette rayée

        Figure 18. Oreille d’une chouette rayée (Strix varia) (haut); vue rapprochée (bas). Cliquez sur l’image pour agrandir.

    • Narines
      • Notez la présence d’un opercule, plaque kératinisée située juste à l’intérieur de la narine. Est-ce que cette région est propre et clair, ou un écoulement nasal est-il présent?
      • La présence de petites plumes pointues agglomérées derrières les narines peut être le seul signe d’écoulement nasal ou de régurgitation chez les oiseaux encore suffisamment en forme pour se toiletter (cette agglomération de plumes est plus classiquement observée chez les perruches ondulées). Une hypertrophie marron de la cire est une découverte fréquente lors de l’examen clinique des perruches femelles âgées (Fig 19). Cela fait suite aux hauts taux d’œstrogènes associés à la production de beaucoup d’œufs. L’hypertrophie de la cire peut survenir également secondairement à une affection causant un hyperoestrogénisme, comme une tumeur des gonades.
    • Bec: Un bec normal est lisse. Bien qu’une de discrètes desquamations ne soient pas rares chez les oiseaux captifs, le bec ne doit s’effeuiller, grossir ou présenter des rainures longitudinales de façon excessive (Fig 20).

      Un bec normal est lisse

      Figure 20. Un bec normal est lisse. Bien qu’une de discrètes desquamations ne soient pas rares chez les oiseaux captifs, le bec ne doit s’effeuiller, grossir ou présenter des rainures longitudinales de façon excessive. Image de Drew Avery. Cliquez sur l’image pour agrandir.

    • Oropharynx (Tableau 4): Bien que les mains puissant être utilisées chez beaucoup d’espèces d’oiseaux, un speculum oral est nécessaire pour réaliser un examen oropharyngé chez les perroquets (Fig 21 et Fig 22). Un examen détaillé de l’oropharynx peut nécessiter une anesthésie générale.
      L’oropharynx peut être ouvert et tenu avec les mains chez beaucoup d’espèces d’oiseaux

      Figure 21. L’oropharynx peut être ouvert et tenu avec les mains chez beaucoup d’espèces d’oiseaux. Image fournie par le Dr. Gretchen Cole. Cliquez sur l’image pour agrandir.

      Evaluation of the oropharynx

      Figure 22. En haut à gauche: une évaluation rapide de l’oropharynx peut être réalisée en utilisant une forte source de lumière blanche près du bec – un perroquet en bonne santé cherchera forcément à la mordre. En haut à droite: utilisez un speculum oral métallique. En bas à gauche: des pinces hémostatiques peuvent également être utilisées à la place du speculum oral. En bas à droite: par défaut, des liens de masque peuvent être utilisés pour ouvrir la gueule. Cliquez sur l’image pour agrandir.

      Tableau 4. Réaliser un examen oropharyngé chez l’oiseau
      • Notez la couleur des joues et de la langue lors de l’ouverture de la bouche.
      • Langue (Fig 23)
      • Sous la langue
      • Glotte
      • Plancher de l’oropharynx
      • Couleur des muqueuses
      • Fente choanale
      • Papilles choanales
      • D’importants brins de mucus peuvent être observes dans l’oropharynx chez les oiseaux deshydratés.

      La visibilité des papilles choanales est extrêmement variable. Par exemple, les papilles sont bien formées et distinctes chez certaines espèces comme l’Amazone. Les oiseaux ayant subi un traumatisme crânien présentent fréquemment un saignement de la fente choanale.

      Dans la classe des Aves, seuls les perroquets possèdent des muscles linguaux intrinsèques

      Figure 23. Dans la classe des Aves, seuls les perroquets possèdent des muscles linguaux intrinsèques. La langue épaisse et charnue des perroquets rend relativement difficile la visualisation du fond de la gorge et sous la langue. Cliquez sur l’image pour agrandir.

      Les oiseaux aquatiques tels que le grand héron (Ardea herodialis) et le pélican (Pelecanus spp.) peuvent avoir jusqu’à 20 à 30 poissons stockés dans l’oropharynx.

    • Haut de la tête (Fig 24): palpez le sommet de la tête, et visualisez la peau et les plumes. Chez les oiseaux qui ont souffert d’un traumatisme crânien, il est difficile de palper une éventuelle fracture du crâne ; cependant l’emphysème créé lorsque l’air s’échappe des sacs aériens peut être apprécié.

      Soulevez la crête et une partie des plumes de l’arrière du cou pour évaluer la peau en dessous

      Figure 24. Soulevez la crête et une partie des plumes de l’arrière du cou pour évaluer la peau en dessous. Cliquez sur l’image pour agrandir.

    • Palpez la région sous-mandibulaire et le cou. Puisqu’il n’y a pas de tissu glandulaire de présent dans le cou des oiseaux, une main peut simplement courir le long du cou pour évaluer la trachée et l’œsophage. Une transillumination de la trachée peut aussi être réalisée chez les patients les plus petits en utilisant une force source lumineuse dans une pièce sombre.

 

    • Déplacez-vous à l’entrée du thorax (Fig 25):
      • Palpez doucement le jabot à la recherche de nourriture, de fluides et/ou d’air.
      • Palpez la clavicule et les os coracoïdes de la ceinture pectorale. Comme les fractures du crâne, les fractures de ces os sont difficiles à reconnaître, mais peuvent être associées à un emphysème sous-cutané dû à la rupture d’un sac aérien.

        Palpez l’entrée du thorax pour évaluer le jabot, la clavicule et les coracoïdes

        Figure 25. Palpez l’entrée du thorax pour évaluer le jabot, la clavicule et les coracoïdes. Cliquez sur l’image pour agrandir.

    • Sternum
      • Le sternum doit être droit. Des deviations peuvent être observées lors de maladies des os ou un traumatisme.
      • Palpez le bréchet (ou la carène) et la masse musculaire pectorale. D’une façon générale, un oiseau en bon état général a des muscles pectoraux arrondi ou convexes, fermes avec peu de graisse. Visitez la section Note d’état corporel chez les oiseaux pour plus de précisions. Il existe des variations d’espèces. Certains cacatoès, comme le cacatoès soufré (Cacatua sulphurea) sont relativement maigres, alors que de nombreux amazones, comme l’amazone à double front jaune (Amazona ochrocephala ochrocephala) sont beaucoup plus trapus. Le niveau d’activité de l’oiseau affecte directement la masse musculaire pectorale. Les oiseaux volants sont plus musclés que ceux sont les ailes sont rognées. Les patients jeunes et âgés ont aussi des pectoraux relativement petits, doux et mous.
      • Auscultez le cœur sur la plaque sternale. Des arythmies ou des souffles peuvent être occasionnellement détectés malgré le rythme rapide du cœur des oiseaux.

 

    • Coelome
      • La palpation coelomique est relativement peu sensible chez les oiseaux compte tenu de la courte distance entre le sternum et le pubis. Néanmoins des œufs, une masse, un épanchement, et/ou une organomégalie peuvent parfois être détectés en plaçant doucement le pouce et l’index de chaque côté de l’abdomen. Pour palper le coelome, faites glisser un doigt le long de la partie distale du sternum et directement dans le coelome (Fig 26). Chez les petits oiseaux, les plumes recouvrant l’abdomen peuvent être humidifiées et poussées vers le bas pour confirmer visuellement la présence d’une hépatomégalie à travers leur peau fine.

        Palpation coelomique chez un perroquet

        Figure 26. Palpation coelomique chez un perroquet. Cliquez sur l’image pour agrandir.

    • Visualisez l’orifice ou l’ouverture externe du cloaque.
      • Est-ce que l’oiseau semble avoir un tonus du sphincter normal?
      • Est-ce qu’il y a des souillures ou des pertes de plumes autour du cloaque?

 

    • Plumage: Notez la qualité et la couleur des plumes (Tableau 5).
Tableau 5. Examiner les plumes:
    • Les plumes sont-elles brillantes et lisses sans effilochage?
    • Il y a t-il des signes de production d’un duvet à poudre (Fig 27)?
    • Rechercher des signes de mue ou de croissance de nouvelles plumes

Il y a t-il une pousse anormale des plumes ou une dysplasie des plumes? Les modifications peuvent être une tige anormalement épaisse ou mince, des plumes courtes, pincées ou pliées à ou près de leur base ainsi qu’une hémorragie au sein de la tige.

  • Il y a t-il des signes d’un comportement destructive envers les plumes comme des mâchonnements ou du picage?
  • Est-ce que des barres de stress sont présentes (Fig 28)?
  • Il est possible de découvrir une décoloration noire des plumes en cas de maladie chronique, en particulier les maladies hépatiques (Fig 29)
  • Rechercher des signes d’ectoparasites le long de la tige et de la base des plumes.
  • Si les espèces évaluées sont de grosses productrices de duvet à poudre comme le Gris du Gabon (Psittacus erithacus), la calopsitte élégante (Nymphicus hollandicus), le cacatoès, et le pigeon (Columba livia) les mains de l’examinateur devraient être salies d’une poudre ressemblant à du talc à la fin de l’examen (Fig 24). L’un des signes cliniques les plus précoces en cas de maladie du bec et des plumes est la production diminuée de duvet.

    Les plumes et le bec des gros producteurs de duvet à poudre, comme ce cacatoès, devraient être crayeuses

    Figure 27. Les plumes et le bec des gros producteurs de duvet à poudre, comme ce cacatoès, devraient être crayeuses.

    Stressbars arrow

    Figure 28. Comme des indices sur l’historique de l’animal, les barres de stress (flèches) sont des lignes de croissance anormale des plumes qui se développent secondairement à l’administration exogène de stéroïdes ou la libération de cortisol endogène. Cliquez sur l’image pour agrandir.

    • Membres pelviens
      • Faites glisser vos mains le long des pattes. Evaluez brièvement chaque articulation et notez le degré d’emprise des doigts de l’oiseau.
      • Les pieds doivent avoir des papilles de taille importante à la fois sur la face plantaire et dorsale (Fig 29). En cas de pododermatite, les papilles sur le bas du pied sont usées, conduisant à une rougeur ou des lésions ulcératives (Fig 30).
      • Regardez les griffes. Une surcroissance marquée des griffes peut être associée à une dysfonction du foie.
        Le bas des pieds doivent avoir des papilles distinctes

        Figure 29. Le bas des pieds doivent avoir des papilles distinctes. Cliquez sur l’image pour agrandir.

        En cas de pododermatite, les papilles sur le bas du pied sont usées, conduisant à une rougeur ou des lésions ulcératives

        Figure 30. En cas de pododermatite, les papilles sur le bas du pied sont usées, conduisant à une rougeur ou des lésions ulcératives. Cliquez sur l’image pour agrandir.

    • Membres thoraciques
      • Palpez les os et les articulations des ailes (Fig 31).
      • Evaluez la membrane des ailes (ou patagium) ainsi que le tendon propatagialis dans la marge principale de l’aile (Fig 32).
      • La palpation doit aussi inclure les regions axillaires et les côtes de l’oiseau.
      • Le niveau de perfusion et d’hydratation peut être grossièrement évalué par la compression de la veine basilique (Fig 33).
        Pour étendre l’aile en toute sécurité, tenez l’aile au niveau du carpe

        Figure 31. Pour étendre l’aile en toute sécurité, tenez l’aile au niveau du carpe. Cliquez sur l’image pour agrandir.

        Durant la palpation, réalisez un examen mécanique passif de l’aile. Notez si l’aile est toujours soutenue au niveau du carpe (flèche)

        Figure 32. Durant la palpation, réalisez un examen mécanique passif de l’aile. Notez si l’aile est toujours soutenue au niveau du carpe (flèche). Cliquez sur l’image pour agrandir.

        Notez la turgescence de la veine basilique (flèche) lors de l’examen de l’aile

        Figure 33. Notez la turgescence de la veine basilique (flèche) lors de l’examen de l’aile. Image fournie par le Dr. Lauren Powers. Cliquez sur l’image pour agrandir.

      • Dos
        • Palpez les scapulas. Cherchez visuellement et au toucher des bosses sur le dos (Fig 34).

          Palpate back

          Figure 34. Regardez et touchez rapidement le dos. Cliquez sur l’image pour agrandir.

        • Evaluez la glande uropygienne à la base des ailes de la queue. Absente chez les amazones, la présence de la glande uropygienne varie en fonction des espèces, mais doit toujours être lisse, symétrique et colorée (Fig 35-37). Une petite quantité de liquide jaune ou clair peut être extraite de la glande par compression, mais ce matériel ne doit jamais être nauséabond.
          La glande uropygienne du petit duc maculé (<em><p id=Otus asio) compte parmi les plus proéminentes” width=”168″ height=”400″ />Figure 35. La glande uropygienne du petit duc maculé (Otus asio) compte parmi les plus proéminentes. Cliquez sur l’image pour agrandir.

          Agrandissement de la glande uropygienne du petit duc maculé

          Figure 36. Agrandissement de la glande uropygienne du petit duc maculé (Otus asio). Cliquez sur l’image pour agrandir.

          La glande uropygienne des perroquets (flèche) est bien plus petite avec une touffe de plumes proéminentes à la base

          Figure 37. La glande uropygienne des perroquets (flèche) est bien plus petite avec une touffe de plumes proéminentes à la base. Cliquez sur l’image pour agrandir.

        • L’auscultation des poumons est réalisée sur le dos car les poumons sont très dorsaux (Fig 38). Parce que les poumons des oiseaux ont peu de mouvement, on n’entend pas le bruit de la respiration sauf si le patient est très stressé ou qu’une maladie pulmonaire sévère est présente.

          Auscult lungs conure

          Figure 38. Les poumons sont étroitement collés dorsalement et sont mieux auscultés sur le dos, cependant l’auscultation des poumons est un test peu sensible chez les oiseaux. Cliquez sur l’image pour agrandir.

    • Vocalisations: La plupart des perroquets en bonne santé vocalisent durant l’examen physique. Quelques espèces, en particulier les pionus, peuvent haleter lorsqu’ils sont stressés. Notez toute anomalie ou changement dans la voix.
    • Hématomes: Les hématomes trouvent leur couleur verte traditionnelle en 2-3 jours chez les oiseaux le temps que l’hémoglobine se décompose en biliverdine.

    Après l’examen

    Après l’examen, le “temps de récupération respiratoire” peut server de bon indicateur sur l’état général de l’oiseau (Tableau 6).

    Tableau 6. Temps de recuperation respiratoire
    • La plupart des oiseaux normaux vont retrouver leur fréquence respiratoire pré-examen en approximativement 2-3 minutes.
    • Un bon indicateur de faiblesse généralisée ou de maladie cardiorespiratoire.
    • Un temps de récupération respiratoire augmenté est supérieur à 3-5 minutes.

    Références

    Références

    Harrison GJ, Ritchie BW. 1994. Making distinctions in the physical examination. In: Ritchie BW, Harrison GJ, Harrison LR (eds). Avian Medicine: Principles and Applications. Wingers Publishing, Lake Worth, FL.

    Hillyer EV. 1997. Physical examination. In: Altman RB, Clubb SL, Dorrestein GM, Quesenberry K (eds).Avian Medicine and Surgery. WB Saunders, Philadelphia, PA.

    Van Sant F. 1996. The nit pickers physical exam or beyond upright and feathered. Annu Conf Proc International Aviculturalists Society.